On s’attendait à une journée d’entraînement tranquille, un de ces matins d’août où les gars patinent, où les nouvelles sont maigres, où tout le monde attend que le camp officiel commence.

Mais ce vendredi à Brossard, c’était tout sauf ça. Ce fut un show. Un vrai. Et il portait deux signatures : Patrik Laine et Ivan Demidov.

Dès que la rondelle a touché la glace, on a senti que ces deux-là n’étaient pas venus pour jogger. Sur grande glace ou sur petite glace, en 3 contre 3, ils ont tout simplement écrasé la compétition. 

Laine, sept buts. Demidov, cinq. Et ce n’étaient pas des buts chanceux ou des tirs flottants déviés par une jambière au bon moment.

Non. C’était du haut niveau, du calibre qui rappelle pourquoi ces deux noms font partie des meilleurs talents offensifs de la planète hockey.

Le tir légendaire de Laine… toujours là…

Depuis son arrivée à Montréal, on a tout dit sur Patrik Laine. Son attitude. Son langage corporel. Son isolement. Son contrat.

Mais aujourd’hui, ce qui a fait taire tout le monde, c’est son arme fatale : ce tir du poignet qui reste, même en 2025, l’un des plus dévastateurs au monde.

À chaque fois qu’il s’élançait, il y avait ce son sec, métallique, du puck qui fracasse la barre horizontale ou qui fuse au-dessus de la mitaine, sans avertissement.

Sept fois, il a trouvé le fond du filet. À ce rythme, on comprend pourquoi, malgré toutes les rumeurs d’échange et les critiques, certains dans l’organisation refusent obstinément de l’échanger pour se débarrasser de son contrat.

Un gars qui peut marquer sept buts dans un scrimmage en plein été n’est pas tant impressionnant. Mais son éthique de travail est exemplaire, alors qu’il est toujours premier sur la glace avec Demidov.

Le Russe aussi est en feu. Celui qu’on présente depuis son repêchage comme le prochain artiste du CH. Celui qui va faire lever les foules au Centre Bell. Aujourd’hui, il a offert un avant-goût de ce que ça pourrait donner… avec le bon partenaire.

Feintes à une main, changements de rythme qui font passer les défenseurs pour des cônes d’entraînement, passes à l’aveugle qui trouvent toujours une palette… Demidov, c’est un magicien qui transforme chaque possession en menace.

Cinq buts pour lui aussi, et probablement autant de passes sur la palette dd Laine. On les voyait discuter entre les séquences, se pointer du doigt, sourire après un jeu raté comme pour dire : 

« On va le refaire, mais mieux. »

Cette complicité-là, on ne la fabrique pas. Elle naît d’instincts qui se complètent. Et aujourd’hui, à Brossard, elle est apparue au grand jour.

Soyons clairs : après une telle performance, il n’y a plus de débat. Laine-Demidov, c’est coulé dans le béton. On ne touche pas à ça. On ne les sépare pas. Peu importe qui sera au centre, ces deux-là doivent commencer la saison ensemble.

Et c’est là que les choses se corsent pour Martin St-Louis. Parce qu’il faudra leur trouver un centre capable de suivre.

Et avec tout le respect dû à Kirby Dach, oubliez ça. Dach sort encore d’une réhabilitation, il n’a pas retrouvé son explosivité, et il n’a jamais été reconnu pour jouer à ce tempo-là.

On parle ici d’un rythme constant, de prises de décisions à la demi-seconde, de jeux qui ne pardonnent aucune hésitation. Dach, dans son état actuel, ne peut tout simplement pas suivre cette cadence.

Ce duo-là a besoin d’un centre qui pense et joue vite. Un gars capable de distribuer la rondelle dans le bon tempo, de récupérer les retours, de gagner ses mises au jeu pour leur donner la possession dès l’engagement.

Laine et Demidov, ce sont deux bombes offensives. Donnez-leur un pivot passif, ou qui perd ses batailles, et leur potentiel chute de moitié. Donnez-leur un centre intense, créatif, et on parle d’une unité qui peut terroriser la LNH.

Ce n’est pas une critique gratuite envers Dach. C’est un constat. On l’a vu aujourd’hui : dès qu’un autre joueur prenait le rôle de pivot, l’intensité et la créativité du duo explosaient.

Les deux se cherchaient sans arrêt, anticipaient les trajectoires, jouaient en lecture comme s’ils faisaient ça ensemble depuis cinq ans.

Tout le monde à Brossard s’est posé la même question : « Mais il est où, Bolduc? » 

Justement, Bolduc, c’est exactement le genre de joueur intense qui pourrait compléter ce duo. On parle d’un gars qui ne recule devant aucun contact, qui fonce au filet, qui gagne ses batailles le long des rampes et qui n’a pas peur de salir son chandail pour créer de l’espace à ses coéquipiers.

En ce moment, il travaille ses mises au jeu avec Marc Bureau, un ancien centre reconnu pour sa technique et sa combativité et prouver à St-Louis qu’il peut être le 2e centre.

Imaginez-le à Brossard, capable non seulement de gagner la rondelle dès l’engagement, mais aussi de la protéger pour alimenter deux machines offensives comme Laine et Demidov. Ce profil-là, ça ne court pas les rues, et c’est exactement ce qu’il faut pour maximiser le potentiel du duo.

Pas pour rien que tout le monde se demande pourquoi on le voit pas à Brossard.

Réponse : car il est à Québec, où il se prépare pour le Pro-Am Sun Life du 14 août au Centre Vidéotron. Un événement caritatif qui mettra en vedette des noms énormes comme Steven Stamkos, Roman Josi, Jonathan Marchessault, Patrice Bergeron et Simon Gagné.

Bolduc y sera, et ce sera l’occasion pour lui de renouer avec la foule de Québec, là où il a remporté la triple couronne avec les Remparts en 2023.

C’est une belle raison d’être absent, mais l’ironie est là : pendant que Bolduc se prépare pour un match-spectacle, le vrai spectacle, aujourd’hui, c’était à Brossard. Et les acteurs principaux s’appelaient Laine et Demidov.

La démonstration d’aujourd’hui n’est pas seulement un entraînement réussi. C’est un message direct à Martin St-Louis.

Laine, qu’on disait sur la voie de la sortie, et Demidov, qu’on veut absolument protéger et mettre en valeur, viennent de prouver qu’ils peuvent former un duo dominant dès maintenant. Les séparer, ce serait briser quelque chose qui fonctionne déjà.

Et on connaît l’histoire entre St-Louis et Laine. Le coach ne l’a pas épargné l’an dernier, le laissant sur le banc en séries, pointant du doigt son manque d’implication.

Mais cet été, Laine est revenu avec une autre attitude. Présent chaque jour à Brossard, souriant, impliqué, et maintenant… étincelant.

Si Laine et Demidov débutent ensemble, ça change complètement la dynamique offensive du Canadien. On n’est plus dans le scénario où Demidov doit s’adapter à un ailier ou attendre que la chimie prenne. Elle est déjà là. Et avec un vrai centre pour compléter, cette ligne pourrait rivaliser avec les meilleurs trios adverses.

Cela signifie aussi que Zachary Bolduc, malgré ses qualités, pourrait devoir commencer sur un troisième trio s’il n’est pas capable de jouer au centre.

Mais c’est le hockey : ceux qui produisent, qui cliquent, prennent la place. Surtout la place de Kirby Dach le “chokeux”…

Aujourd’hui, il n’y avait pas foule dans les gradins de Brossard, mais ceux qui étaient là ont eu droit à un festin. Les buts, les feintes, les sourires… c’était un rappel que le hockey, c’est aussi du spectacle.

Et que Montréal, avec ce duo, pourrait offrir quelque chose de rare : deux tireurs d’élite, capables de se faire des passes laser à travers trois bâtons, en pleine vitesse.

La saison n’est pas encore commencée, et déjà, on sent que ce tandem-là sera l’attraction. Et pour un joueur comme Laine, qui revenait de loin et qu’on disait fini, c’est un pied de nez monumental à tous ceux qui pariaient contre lui.

Laine-Demidov, c’est plus qu’une belle histoire d’été. C’est une réalité tangible qui oblige l’organisation à revoir ses plans.

Martin St-Louis peut bien essayer de temporiser, de rappeler que « rien n’est acquis », mais la glace, elle, ne ment pas. Ce duo a quelque chose que les autres n’ont pas. Et quand tu tiens une combinaison gagnante, tu ne la casses pas.

Aujourd’hui, à Brossard, on a vu plus que des buts. On a vu une alliance naturelle. Une connexion. Un avertissement à toute la ligue : Laine et Demidov arrivent, et ils sont déjà prêts.

Et si le CH trouve le bon centre pour compléter la ligne, ce ne sera pas seulement un beau duo… ce sera un cauchemar pour les défenses adverses, soir après soir.

À Zachary Bolduc de créer la surprise… et de devenir un centre…