À Montréal, tout le monde croyait connaître l’histoire. Lane Hutson, le petit défenseur prodige, le chouchou des partisans, celui qui se déplace avec le sourire accroché au visage, allait naturellement accepter un « rabais maison » sur son contrat pour aider le Canadien.

Le scénario semblait écrit : prolongation de contrat rapide, montant raisonnable, stabilité garantie, tout le monde heureux.

Mais voilà que la réalité frappe comme un slapshot en pleine visière. Les derniers échos laissent entendre que Lane Hutson ne veut pas d’un rabais maison.

Pire encore, il viserait un contrat qui ferait de lui le joueur le mieux payé de l’histoire du Canadien de Montréal, flirtant avec les 10 millions de dollars par saison.

Et ce n’est pas une rumeur lancée par un obscur compte de réseaux sociaux : tout pointe vers une fuite stratégique provenant de son propre camp, probablement orchestrée par son agent, et relayée par Elliotte Friedman dans son très écouté 32 Thoughts Podcast.

Dans son dernier épisode, Elliotte Friedman a livré un constat qui fait grincer des dents chez les dirigeants de la LNH :

« Il y a plusieurs agents qui m’ont dit, surtout avec les plus jeunes joueurs, qu’ils sont plus demandants que jamais quant à leur contrat. »

Elliotte Friedman l’a répété : chez les jeunes joueurs vedettes, la compétition ne s’arrête pas sur la glace. Elle se transporte jusque dans les négociations.

Ils se comparent entre eux, avec les superstars établies, et veulent prouver qu’ils peuvent décrocher un contrat tout aussi imposant.

« Ils veulent gagner partout. Ils sont compétitifs aussi avec les dollars », a résumé Friedman. Et pour eux, décrocher le plus gros salaire possible, c’est aussi une victoire, un trophée invisible qui se brandit dans le vestiaire.

Difficile de ne pas y voir un lien direct avec la situation Hutson. Les mots « jeunes joueurs » et « plus demandants que jamais » tombent comme un verdict.

Le verdict est clair : les nouvelles générations ne se contentent plus d’un salaire “raisonnable” en échange de la stabilité. Elles veulent tout, tout de suite.

Dans le microcosme montréalais, beaucoup y voient la main de l’agent de Lane Hutson, exaspéré par les rumeurs l’accusant de pousser pour un contrat « pont » afin de profiter de la hausse du plafond salarial.

Cette sortie publique par Friedman aurait un objectif : corriger l’image et montrer que ce n’est pas l’agent qui joue les ambitieux… mais bien le joueur lui-même.

Si la déclaration de Friedman fait autant réagir à Montréal, c’est aussi parce qu’elle fait écho à des propos tenus il y a quelques mois par Jeff Gorton, vice-président exécutif du Canadien.

Lors d’une sortie médiatique, Gorton avait déjà exprimé une certaine lassitude envers les jeunes joueurs et leur entourage :

« Les jeunes veulent tout, trop vite, tout de suite. »

« Les agents, ils aiment ça. C’est comme ça qu’ils s’accrochent. Le plafond monte, et là, c’est le pourcentage, le pourcentage, le pourcentage. Mais en même temps, eux, ils n’ont pas à gérer une équipe.

« Ils ne sont pas dans le vestiaire, ils ne comprennent pas ce que ça fait quand un gars revient dans la chambre avec beaucoup plus d’argent qu’un autre… comment tu expliques ça? »

À l’époque, certains avaient cru que c’était une remarque générale, un commentaire sur la nouvelle génération. Mais aujourd’hui, à la lumière des révélations sur Hutson, ce message prend une tout autre couleur. Et beaucoup n’hésitent plus à affirmer que Gorton pensait déjà à ce dossier précis.

C’est peut-être là que se situe le plus grand choc pour les partisans : Lane Hutson n’est pas en train de négocier pour rester à rabais à Montréal.

Oubliez l’image du joueur modeste qui signe rapidement pour que le DG Kent Hughes puisse construire autour de lui. Hutson, à 21 ans, sait qu’il possède une valeur marchande astronomique.

Il le sait d’autant plus que Noah Dobson, un défenseur de gabarit supérieur, déjà établi comme un des meilleurs à sa position, vient de signer un pacte de 9,5 M$ par saison sur huit ans avec le Canadien.

Même si Dobson a six saisons d’expérience dans la LNH et approchait de l’autonomie complète, Hutson se voit déjà dans la même conversation salariale, voire au-dessus.

Les revendications de Hutson ne sont pas sorties de nulle part. L’explosion annoncée du plafond salarial change la donne pour tous les joueurs en position de négocier :

Plafond actuel : 95,5 M$.

Projection 2027-2028 : 113,5 M$.

Avec une telle hausse, un contrat de 10 M$ par saison représentera bientôt moins de 9 % de la masse salariale, un pourcentage qui, historiquement, correspond à ce que touchent plusieurs défenseurs élites.

Et c’est là que la comparaison avec les superstars offensives devient inévitable : si Connor McDavid et Kirill Kaprizov flirtent bientôt avec les 19 M$ (20 % du plafond), pourquoi un défenseur offensif d’élite, aussi “marketable” que Hutson, devrait-il se contenter de la moitié ?

Le jeu est clair. Deux scénarios s’affrontent :

Le long terme maintenant. Une entente de 8 ans à 9-10 M$ par saison, sécurisant Hutson tout en permettant au Canadien de figer le coût avant la prochaine envolée salariale.

Le contrat pont. Trois ans, avec une signature en pleine apogée du plafond, pour ensuite frapper un coup financier massif.

Selon nos informations, Hutson penche pour le long terme… mais pas à rabais. Son agent, lassé d’être pointé du doigt comme l’instigateur d’un plan de “bridge deal”, profite de la tribune de Friedman pour mettre la pression publique : si le Canadien veut sécuriser le joueur maintenant, il faudra payer le prix fort.

Le DG du Canadien, réputé pour ses négociations chirurgicales, se retrouve devant un dilemme. Il sait que la valeur de Hutson pourrait exploser si le joueur confirme ses performances de recrue.

Mais il sait aussi que payer un joueur au prix de l’élite après une seule saison complète comporte des risques.

Historiquement, Hughes a imposé le contrat de Nick Suzuki comme plafond salarial interne pour ses joueurs de premier plan.

Mais cet été, avec la signature de Dobson (9,5 M$), le sol a cédé. Hutson n’a plus aucune raison d’accepter moins.

Cette situation dépasse largement le simple cas Hutson. Si le défenseur obtient un contrat à 10 M$, Cole Caufield et Juraj Slafkovský, déjà frustrés d’avoir signé avant l’explosion du plafond, deviendront automatiquement les attaquants vedettes les moins bien payés de la LNH en comparaison de leurs pairs.

En interne, cela peut créer des tensions. Même si les joueurs diront en public que « l’important, c’est l’équipe », les réalités salariales se vivent dans le vestiaire.

Voir un coéquipier moins expérimenté devenir le joueur le mieux payé de l’organisation risque de laisser des traces.

Ce qui devait être un dossier simple, prolonger un jeune talent adoré du public, est devenu l’une des négociations les plus explosives de l’ère Hughes-Gorton.

Les attentes de Hutson, les pressions publiques orchestrées par son camp, les déclarations de Friedman et Gorton… tout converge vers un bras de fer où aucune des deux parties ne semble vouloir céder.

Une chose est certaine : le masque du “bon petit gars” prêt à accepter un rabais pour rester à Montréal est tombé. Lane Hutson veut être payé à la hauteur de ce qu’il estime valoir, et il n’a aucune intention de se laisser enfermer dans un plafond salarial interne qui ne reflète plus le marché.